La note d’intention de l’article
Dans la vie de futur.e.s design.er.euse.s graphique acti.f.ve.s qui nous attend de nombreux choix s’offriront à nous. Entreprise, poste, ville, objectifs,… Mais au milieu de tout cela certaines plus compliquées nous amèneront à une réflexion plus personnelle et nous forceront parfois à réfléchir et même redéfinir notre éthique ainsi que la morale de nos actions.
J’ai personnellement pris pour habitude d’expliquer l’objectif de notre travail de cette façon « prendre l’information et la rendre plus attrayante et donc communicante ». Ainsi je ne définissais pas de réelle conséquence au travail de designer graphique et ne ressentais aucune pression sociale quant à la responsabilisation de certains actes considérés « commun », qui aurait en réalité un plus grand impact sur notre monde.
Patrick Jouin, lui-même designer définit ce rôle comme : « un équilibriste tentant d’impossibles figures où doivent s’unir des contraintes : d’un côté le marché, de l’autre l’être humain, le plastique et la nature, la fabrique et la légèreté, les pauvres et les riches. C’est infini. Voilà où réside l’intérêt de ce métier, qui tente concrètement d’apporter des solutions au réel dans ce flux d’ambiguïtés.
Quel designer suis-je ? Quel designer voulez-vous être ?»
Dans sa vision le ou la graphiste est act.eur.rice acti.f.ve dans le monde complexe d’aujourd’hui. De façon assez peu étonnante, Jouin n’est pas le seul à avoir connaissance de la part de responsabilité de ce métier, Patrick Thomas, directeur créatif de Google, ou encore Annick Lantenois, historienne, dans « Le vertige du funambule », ont notamment pris position dans cette réflexion.
En reprenant cette dernière pour exemple, le rôle du designer graphique est lourd de conséquences, mais c’est un point de vue de théoricienne. La lourdeur de tous leurs jugements, ayant pour raison leurs positions « plus aisée », ne nous permet d’émettre avis en pleine connaissance du sujet.
La grande majorité des graphistes ne faisant pas partie de nos précédents exemples, il est important d’écouter une autre prise de position, clamant un métier moins lourd de répercussion.
Le philosophe Pierre-Damien Huyghe, explique en 2008 dans la revue de design et de recherche Azimuts sur la question des mœurs et de la morale: il n’y a « pas de responsabilité propre au designer », il considère la responsabilité comme une propriété propre à chaque être humain et non pas comme un rôle spécifique à un métier « Si les designers sont responsables du monde, ils ne le sont pas en tant que designers mais en tant qu’humains ».
Pour répondre réellement à la question de responsabilité, il est aussi important de définir le rôle du design dans la société. Y aurait-il de bons et de mauvais designs? Où les frontières se trouvent-elles? Comment être un « bon » design, un « bon » graphiste,… aux yeux de tous quand la diversité d’opinions est aussi nombreuse et riche que le nombre de personnes?
De nombreux chercheurs, graphistes, philosophes, designers,… se sont eux aussi poser ces questions et mon sujet s’est donc souvent trouvé au centre des préoccupations. Ce qui peut poser question mais devient finalement logique si l’on envisage de penser le design comme la réflexion culturelle du modèle économique et social de chaque époque.
Au travers de l’analyse de leurs précédentes recherches, écrits, discours et projets et en prenant en compte les différentes catégorisations possibles, je vais essayer, avec vous de redéfinir quelles sont réellement les responsabilités qui nous attendent.